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Force et Détermination : Le Parcours Inspirant de Sophie Loubet

Zoom sur Sophie Loubet , l’étoile Montante du Para- Wakeboard en Occitanie

Sophie Loubet incarne une source d’inspiration inépuisable, une femme qui repousse les limites du possible avec une grâce et une détermination hors du commun. Égérie de PROTEOR, marraine de l’association « Génération Avant-Garde » et athlète para-snowboardeuse de renom, Sophie vient de se distinguer en terminant 2e lors du championnat de ligue Occitanie de wakeboard, ajoutant ainsi une nouvelle page éclatante à son palmarès déjà impressionnant.

Son parcours est celui d’une battante, d’une pionnière qui a su transformer les défis en opportunités, marquant ainsi le monde du sport adapté de son empreinte indélébile. Dans ce portrait, nous plongeons dans l’univers de Sophie Loubet, où la passion pour le sport se conjugue avec un engagement profond pour l’inclusion et l’empowerment.

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours et comment vous êtes devenue athlète para-snowboardeuse et maintenant para-wakeboardeuse ?

J’ai grandi dans les Alpes, sur la montagne du Semnoz à 15 min d’une station de ski. Donc du Snowboard j’en fait depuis très jeune. Malheureusement, à l’âge de 23 ans j’ai eu un cancer des os qui a récidivé plusieurs fois, d’où l’amputation de ma jambe droite en 2019. J’avais toujours gardé mes affaires de snowboard dans l’espoir d’en refaire un jour, mais une fois la jambe coupée, je me suis résignée à les mettre en vente sur internet, car pour moi il était impossible pour une personne handicapée de pouvoir pratiquer ce sport. Mais je me trompais… Sur internet, avec mes affaires en vente, un athlète para-snowboarder me trouva et m’expliqua qu’il avait fabriqué une prothèse et qu’il était même allé au Jeux Paralympiques en Course de Snowboardcross. Incroyable pour moi ! En juin 2021, soit 2 mois plus tard, je me retrouvais au glacier des deux Alpes à faire mes 1ères descentes avec une prothèse à amortisseur de vélos.

Sophie loubet -para wakeboard

Quelles ont été les plus grandes difficultés auxquelles vous avez dû faire face dans votre carrière sportive ?

La plus grande difficulté a été l’accessibilité aux prothèses, car malheureusement, en France, elle coûte 15 000€. Donc j’ai commencé avec des prothèses que des associations ou des fabricants me prêtaient, qu’il fallait rendre, souvent difficiles à adapter ou usées. Je passais mon temps à les bricoler avec mon orthoprothésiste , et il y a eu beaucoup de casse et de pertes de boulons sur les pistes.

Concernant le wakeboard, je n’avais pas de prothèse, j’ai donc commencé à en faire avec les personnes paraplégiques qui pratiquent en Sitwake, assis, j’ai tout de suite adoré et j’étais plutôt douée, mais je faisais du snowboard debout, donc pour moi il était impensable que je ne puisse pas faire de wakeboard debout aussi ! J’ai demandé qu’on me prête une prothèse de glisse à PROTEOR et j’ai commencé à essayer de me mettre debout avec celle-ci.

En tant qu’égérie de PROTEOR, quel est votre rôle et comment percevez-vous l’impact de cette collaboration sur votre carrière ?

Je suis Egérie du Fabricant de prothèses françaises PROTEOR. Grâce à eux, j’ai accès à une prothèse de marche physiologiquement plus performante. Et en échange ils utilisent mon image et je les accompagne dans la promotion de leurs produits et de l’entreprise. Je participe donc souvent à des événements importants en tant qu’Egérie et Athlète. Mais le plus important est de vivre son aventure sportive à 100% avec son orthoprothesiste qui est le « MacGyver » de la prothèse. Nous passons des heures sur les pistes et sur l’eau à essayer des réglages ou des nouveaux systèmes, sans lui je ne serai pas là où j’en suis aujourd’hui.

Sophie loubet-Para-snowboardjpg

Comment vous préparez-vous pour une compétition comme le championnat de ligue Occitanie de wakeboard ?

Je fais partie du club la « Barca Wake Family » à Perpignan, donc nous avons des cours toutes les semaines sur un bi-poulies et ensuite je ride beaucoup pour essayer de mettre en application sur le 5 poulies. Avant une compétition j’essaye d’arriver le plus tôt possible pour m’entrainer sur le parc et réfléchir au run que je peux faire en fonction des emplacements des modules.

Quels sont les aspects les plus gratifiants de votre sport ?

Sophie Loubet sliders

C’est difficile à comprendre pour des personnes valides, mais pour moi, il est plus facile de glisser que de marcher, j’ai donc une sensation de liberté énorme lorsque je suis sur ma planche et que je peux glisser autant que je le veux. En plus ce sport m’amuse beaucoup, je peux essayer de faire du freestyle sans trop me faire mal car les chutes sont dans l’eau. Et les objectifs de progression sont indéfinies car on essaye toujours de nouveaux modules et de nouvelles figures. Tous les ans j’arrive avec des nouveaux objectifs plein la tête sans savoir s’ils sont possibles pour des personnes comme moi.

Comment gérez-vous la pression et les attentes lors des compétitions ?

Je donne toujours l’impression que tout va bien, alors qu’en fait le stress de la compétition peut me faire perdre mes moyens au départ. Du coup j’en rigole avec mes compétiteurs/trices et mes amis, et on se rend compte qu’on ressent tous la même chose. Mais une fois sur l’eau tout va mieux, le stress disparaît.

En tant que marraine de l’association GÉNÉRATION AVANT-GARDE, pouvez-vous nous expliquer votre engagement et les objectifs de cette association ?

Je suis la Marraine de Génération Avant-Garde, une belle association qui, par le biais de dons , d’événements caritatifs et de mécénats, aide à financer des prothèses sportives aux personnes amputées, car malheureusement en France, la sécurité sociale ne prend pas en charge le matériel nécessaire pour faire du sport aux personnes handicapées. Et celui-ci s’élève à plusieurs milliers d’euros. En plus de cela, l’association donne des bourses sportives à des jeunes talents pour qu’ils puissent démarrer leur carrière.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite suivre vos pas dans les sports para ?

De faire comme moi au départ, c’est-à-dire de sortir de chez soi et ne pas hésiter à faire des kilomètres pour participer à des stages ou des journées handisports organisées par des associations, par des orthoprothésistes, des centres de rééducation, car là-bas on lui prêtera le matériel adapté, il sera encadré par des bénévoles et surtout il y rencontrera des para-sportifs experts qui lui apprendront comment faire. Sans parler de la convivialité, les rencontres et les amis qu’il s’y fera. J’ai fait beaucoup de stages de Para-Snowboard et de Sitwake pour tout apprendre, pour être un maximum autonome et savoir rider en toute sécurité.

Avez-vous des rituels ou routines spécifiques avant une compétition ?

Ce sont des sports où au début, tu te fais vite embarquer dans l’ambiance de la soirée, les retrouvailles avec les amis, etc…. Mais le lendemain je ne vaux rien. Donc je fais très attention à rester raisonnable avant le jour de la compétition, c’est-à-dire aller me coucher tôt et manger léger.

Comment la technologie et l’innovation dans l’équipement sportif ont-elles influencé vos performances ?

Sans les évolutions technologiques je ne serais pas là. Les prothèses fémorales de glisses avec amortisseurs n’existent que depuis 10 ans. Les 1ères ne pouvant pas aller à l’eau à cause de leur poids et de la rouille, même si moi je les ai mises à l’eau, il fallait vite changer. Ce sont des riders passionnés par leur sport et qui ont eu un grave accident qui ont développé ces prothèses. Même si j’utilise une prothèse de snowboard en wakeboard, nous sommes déjà en train de travailler sur l’évolution de celle-ci.

Sophie Loubet Snow-wake

Quels sont vos objectifs à court et à long terme dans votre carrière sportive ?

Sophie Loubet Podium_

Aller le plus loin possible. J’irai aux Jeux Paralympiques en course de Parasnowboardcross et je m’entraîne beaucoup l’hiver pour cela. Et en ce qui concerne le Parawakeboard, nous sommes de plus en plus de riders, tous issus du milieu du snowboard, à vouloir rider l’été lorsqu’il n’y a pas de neige, alors la France a décidé d’être les précurseurs et d’ouvrir notre catégorie aux championnats de France.

Comment le soutien de votre famille et de vos amis a-t-il joué un rôle dans votre réussite ?

Au début, ma mère me voyait un peu tourner en rond, j’allais tous les jours à la salle de sport ou chez le kiné mais je me lassais.  Et un jour elle m’a dit : « pourquoi tu n’irais pas reprendre des cours de kitesurf toi qui a toujours voulu en faire? » J’ai attendu qu’on me prête une prothèse et j’y suis allée, ça m’a fait tellement de bien de sortir de la routine de rééducation que maintenant j’alterne les jours de ride en wakeboard et de musculation.

Y a-t-il d’autres disciplines sportives que vous aimeriez essayer ou dans lesquelles vous vous entraînez déjà en dehors du wakeboard ?

J’ai donc essayé le kitesurf, et l’année dernière je suis allée m’entraîner avec l’équipe de France de Para-Surf, je me suis entraînée pendant 4 mois, j’ai même participé aux championnats de France. C’était super, mais pour moi c’est un sport beaucoup trop frustrant car j’aime glisser longtemps comme en snowboard et pouvoir sauter partout comme en wake.

Comment voyez-vous l’évolution de votre sport dans les années à venir ?

Ce sont les débuts, et nous sommes déjà pas mal de pratiquants. Je pense que le Para-Wakeboard debout va vite évoluer. Et surtout, certains pratiquants assis, ne pensant pas ce sport possible debout, se mettent debout, et ça c’est beau à voir!

Sophie Loubet Friends

Quelle est la chose la plus importante que le public devrait savoir sur le para-snowboard et le wakeboard adapté ?

Les prothèses paraissent impressionnantes et « oui » grâce à elles on peut faire certains sports comme du wakeboard. Mais à ne pas confondre avec les jambes et bras inventés par les « Marvels » ! Malheureusement nos prothèses ont une utilitées très faibles, ce sont de simples amortisseurs de vélos dans un châssis en métal. Ces prothèses nous handicapent bien plus qu’elles nous aident, mais c’est le prix à payer pour être debout. C’est le rider au-dessus, qui par des années d’entraînements, arrive à compenser avec les reste de son corps. Comme je le dis souvent : « je riderais bien mieux sur une jambe ».

 Apres ce championnat de ligue Occitanie ou vous avez terminée 2eme sur une catégorie valide, envisagez-vous de participer des championnats de France, d’Europe et du Monde ?

Ca y est, notre catégorie est enfin ouverte aux championnats de France ! Donc vous nous y verrez le 6 juillet à Bordeaux pour la 1ere fois dans l’histoire du wakeboard, en catégorie mixte pour commencer car je suis la seule femme à pratiquer. Mais ça ne me dérange pas, mon expérience me permettra sûrement de battre quelques hommes cette année ! La France étant le pays qui reçoit les championnats du monde au mois de septembre, je pense qu’à la suite de ces championnats de France, ils feront un choix, ouvrir ou non la catégorie au niveau international.

Merci Sophie pour cette interview, une chose à rajouter, des remerciements ?

Je remercie fortement tous les Wakeparcs, les clubs et les associations qui mettent beaucoup de leur énergie pour intégrer les personnes en situation de handicap et qui mettent tout en œuvre pour que ça se passe toujours bien et de mieux en mieux. Le résultat est là et se lie sur nos visages par nos sourires et notre envie de revenir ! Je remercie aussi beaucoup mon orthoprothésiste (il se reconnaîtra 😉) avec qui je ride beaucoup et qui arrive toujours à réparer ma jambe ! Un Grand merci à Unleashed wakeboard magazine et spotyride pour m’avoir donné l’opportunité de faire cette interview . 🤙

Et retrouvez Sophie lors d’un de ses entrainements  avec la Barca wake Family sur le téléski-nautique de Barcares

Interview réalisé par Philippe Sirech 

Sophie Loubet Para-Wakeboard