Bonjour Léo ! Est-ce que tu peux nous faire une petite présentation de toi ?

Je m’appelle Léo Labadens, j’ai 32 ans et je viens de Toulouse. Je fais du wakeskate depuis que j’ai 11 ans. J’ai commencé jeune et j’ai souhaité en faire une carrière, et cela pendant des années.
Après j’ai aussi été menuisier, chef de formation et je me suis mis à mon compte sur Toulouse pendant 5 ans.

Aujourd’hui, je fais des wakeskate weekends (pour en découvrir un peu plus sur ces weekends : découvrez l’article).

Leo Labadens

Comment as-tu découvert le wakeskate ?

Je l’ai découvert sous la pratique du ski nautique en téléski à Toulouse. Je faisais des sauts, des slaloms, des figures.
La structure où j’étais, a un peu évolué dans les années 2000 en devenant une structure un peu plus accès wakeboard et wakeskate. A ce moment-là, j’avais une douzaine d’années et le patron du téléski m’a montré une planche en bois avec du grip. Il m’a dit « ça s’appelle le wakeskate, essaie, c’est génial ». Depuis ce jour, je ne l’ai plus lâché.

Pourquoi as-tu choisi le wakeskate et pas un autre sport nautique ? C’était l’envie tester de la nouveauté ?

De part ma localisation géographique. Je n’habitais pas au bord de l’océan, donc je n’avais pas de vagues de surf. Et je n’étais pas proche de la mer, donc pas de vent.
J’habitais à Toulouse, au centre ville. Du coup, je pouvais faire du skate, du bmx, des sports un peu classiques.
Puis j’ai mis les pieds sur un téléski nautique quand j’avais 6 ans. Là j’ai pu faire du ski nautique classique. Ensuite, on a commencé le wakeboard pour rigoler. Je faisais beaucoup de skateboard, et quand on m’a montré le wakeboard, c’est à ce moment là que j’ai tilté.

Leo Labadens

Pourquoi as-tu arrêté le wakeboard ?

Physiquement, le wakeboard est difficile à tenir. Et suite à une blessure en wakeboard, j’ai pris la décision de me concentrer sur le wakeskate. J’aime plus le wakeskate car aussi je me faisais bien moins mal. Au bout du compte, moi, je me sentais vraiment gagnant.

As-tu déjà reçu des prix en wakeskate ?

Quand je faisais de la compétition, j’avais de très bons résultats. Toutefois, ça ne me plaisait pas vraiment, à une époque j’ai vraiment aimé. Tout le monde se déplaçait. On créait vraiment des moments de liens, où on retrouvait des wakeskateurs du monde entier.

As-tu des sponsors dans le wakeskate ?

J’ai la chance d’être suivi par de très bons sponsors qui m’ont réellement suivis de mes 18 ans jusqu’à mes 25 ans.

Pourquoi seulement jusqu’à tes 25 ans ?

L’engouement qu’il y avait de la part des marques pour le sport c’est un peu tassé. Pour autant le wakeskate n’est pas un sport.
Les budgets ont donc disparu et j’ai dû partir vaquer à mes occupations parce que c’était plus rentable de faire du wakeskate à l’année.
J’ai donc arrêté un peu le côté professionnel du sport, et en même temps j’ai arrêté le nombre de sessions par an. Je ridais quasiment plus.

Comment as-tu retrouvé cet amour pour le wakeskate ?

Je suis retombé dedans en partant en voyage à l’autre bout du monde.
Je suis retourné au Brésil pour travailler sur un petit téléski 2.0. Et un peu par hasard, je me suis remis au wakeskate. J’avais ma board avec moi, et j’ai recommencé à rider tous les jours.

Donc, j’ai fait une saison entière en Amérique du sud. Et suite à ma blessure j’ai dû rentrer en France en décembre 2019 pour me faire opérer. Puis, pendant ma rééducation le Covid est tombé et du coup tout a changé.

Leo Labadens

Que veux-tu dire par « tout a changé pour moi » ?

J’étais parti pour tout reconstruire à l’étranger et travailler sur des câbles au Brésil et en Argentine. J’ai dû revoir mes plans. On peut dire que c’est à ce moment là que j’ai pensé au concept des weekends de wakeskate.

Pourquoi pour toi, le wakeskate n’est pas un sport ?

Ce n’est pas réellement un sport parce que je trouve qu’il y a un énorme côté créatif. On n’est pas sur un sport comme de l’athlétisme ou du football. Au foot, on va rechercher de la performance pure, et marquer des points. Pour l’athlétisme, on va rechercher un temps minimal. Alors qu’au wakeskate, il n’y a pas vraiment de règles données. C’est le cas pour tous les sports de freestyle.
On peut dire que c’est plus un style de vie, qu’un sport en lui-même.

Leo Labadens

Il s’agit donc de ton choix ou du choix de la pratique ?

C’est notre choix à nous. Le choix de tous ceux qui le pratiquent. Mais il y a d’autres raisons aussi. C’est-à-dire qu’en général, n’importe quel sportif qui fait du snowboard, du skate ou même du wakeboard pratique ce sport de manière à partager son côté créatif avec les autres. Cependant on ne peut pas cacher qu’il s’agit d’une activité sportive.

Saurais-tu me dire pourquoi le surf, sport de glisse nautique, est plus connu que le wakeskate?

Il existe des fédérations de surf. On sait très bien que ce n’est pas en fédération de surf que se passe l’avancement de ce sport, c’est par le biais de vidéos, le biais de voyage, de partage. En wakeskate on ne communique pas autant.

Existe-t-il tout de même des compétitions de wakeskate ?

Oui, il y a de la compétition. Mais aujourd’hui il n’y a pas suffisamment de pratiquants pour que cela soit une puissance. Peu de jeunes y participent car il n’y a pas énormément d’occasions. Pourtant ce sont les jeunes de 15 et 20 ans qui sont le futur du wakeskate.

Leo Labadens

Sais-tu pourquoi il n’y a pas beaucoup de jeunes ?

Très peu de personnes peuvent se déplacer car cela a un coût. Il existe deux ou trois compétitions internationales aux États-Unis. Mais le ticket pour aller à l’autre bout du monde coûte très cher, même si au final il y a du prize money. Ce n’est donc pas fiable pour les jeunes car ils n’ont pas le même niveau des concurrents aux Etats-Unis.
De ce fait, un jeune en Europe va devoir rider toute l’année pour avoir la chance de concurrencer les américains. Mais pour ce faire, il a besoin d’argent et d’y consacrer beaucoup de temps. Donc il n’en aura plus assez pour aller à l’école et étudier.

Il y a-t-il d’autres freins pour les jeunes ?

Oui. Il y a des moments où ce jeune sera bloqué, comme pendant la période hivernale. Il devra voyager pour s’entraîner et être au même niveau que les autres, au début de la saison. Le problème, c’est qu’il ne pourra pas le faire tout l’hiver. Il faut des moyens importants.
L’autre fait, c’est qu’il y a encore moins de marques qui suivent les jeunes aujourd’hui. Les directions marketing ont complètement changées. Il y a une dizaine d’années, une marque dépensait un budget pour quelqu’un à l’année, afin qu’il voyage, fasse des compétitions, filme des vidéos, etc. Il y a donc les compétitions ainsi que le côté créatif. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. En effet, les marques quémandent la moindre publication, vidéo, ou placement de produit sur les réseaux sociaux. Et au final, les riders n’ont pas grand chose en échange, à part du matériel.
Du coup c’est très difficile et ça se voit. A l’époque, moi je pouvais vivre du wakeskate. Les wakeboarders vivaient largement du wakeboard et aujourd’hui ce n’est plus possible.

Existent-ils des champions actuels français ? Comme pour la pratique du football ?

Comme pour le foot ? Non jamais ! Ça n’existera pas. Nous n’avons pas les médias qui suivent.
En même temps c’est compréhensible. Comme je le disais, c’est plus un style de vie qu’un sport en lui-même.
Il n’y aura jamais l’engouement comme sur un sport grand public. Même si aujourd’hui, grâce au téléski, le wakeboard (j’englobe le wakeskate dedans) est devenu une pratique pour le grand public.
Il y a énormément de gens qui ont essayé une fois le wakeboard ou wakeskate sur un câble. En effet, en France on retrouve beaucoup de téléskis et structures.

Après moi je suis pas pour faire du contenu constamment pour montrer la pratique du sport. Ce n’est pas quelque chose de très attirant. Selon moi, ça ne fait pas avancer le sport. Pour moi, ce sont les personnes qui prennent du plaisir sur l’eau qui le font !

Pourquoi tu ne vois pas l’intérêt de faire reconnaître ce sport dans le monde entier par les médias ?

Je ne placerai pas toute mon énergie dans les médias. Je préfère passer mon temps dans les wakeskate weekends.

Leo Labadens

Voici la fin de l’interview sur Léo Labadens. Vous pouvez le retrouver sur les réseaux sociaux @leolabadens ou encore durant ses wakeskate weekends ! N’hésitez pas à réserver !